6- Kitty Genovese
Hier soir avant de me coucher, j’écoutais Big Bird de Andrew Jackson Jihad, groupe que j’aime beaucoup ces temps-ci. Il y a une phrase qui m’avait déjà interpellée la première fois que j’avais écouté cette chanson :
"I’m afraid of the social laziness that let Kitty Genovese die".
J’avais lu les explications sur le site de lyrics. C’était en anglais et je devais être très fatiguée parce que j’ai cru comprendre que Kitty Genovese était une New-yorkaise qui s’était laissée mourir dans sa maison, sans que ses voisins ne s’en aperçoivent. Je ne sais pas pourquoi en toute chose je pense au suicide...En tout cas j’avais faux.
En fait - je l’ai lu hier - Kitty Genovese a été assassinée, tout près de chez elle, à New York, dans les années 1960. Elle a reçu plusieurs coups de couteau, et a été violée.
The social laziness fait référence à l’attitude de ses voisins qui ont été accusés d’avoir entendu (voire vu pour certains) son agression mais n’ont rien fait pour l’aider, ni même appelé la police. Ils ont entendu Kitty crier pendant environ 30 minutes mais ont feint de ne rien entendre. L’histoire avait choqué l’opinion publique à l’époque, et donné lieu à des débats et recherches en psychologie sociale.
Lire ça m’a donné une affreuse sensation de malaise. J’ai horreur quand une situation que je vis, un événement auquel j’assiste ou un truc que je lis me fait ça. Je parle de malaise mais c’est une sensation très proche de la peur. Je suis une trouillarde en fait. Je crois que je l’écris ici pour m’en débarrasser, un peu.
On parle de 38 témoins, 38 personnes qui auraient vu/entendu crier mais n’auraient rien fait. La légende urbaine a probablement exagéré le chiffre, mais cela ne change rien au fait que cette femme a crié longtemps, pendant qu’elle luttait pour sa vie, et que la plupart de ses voisins ont fait la sourde oreille (une voisine a réagi, trop tard malheureusement, et d’autres affirment avoir appelé la police).
Mais les réactions des voisins à qui on reproche cette non-assistance font froid dans le dos. Je crois que c’est surtout ça qui m’a retourné l’estomac :
"Pendant cette deuxième attaque, plusieurs habitants de l’immeuble de Kitty furent réveillés par le bruit de l’agression. Les témoins présents avouèrent par la suite qu’ils étaient au courant que quelque chose se passait, à cause des bruits et des cris de secours lancés par Kitty. Une femme reconnut qu’elle avait suivi l’agression jusqu’au bout avec son mari, mais qu’elle interdisait à ce dernier d’intervenir. Selon un autre témoin, il faisait trop froid pour mettre les pieds dehors. Un autre témoin croyait, lui, qu’il s’agissait d’une querelle amoureuse; et un dernier est allé jusqu’à monter le son de sa radio pour ne plus entendre les cris de détresse"
"Les raisons de leur non interventions furent choquantes. Ils déclarèrent ainsi : « Nous pensions qu’il s’agissait d’une querelle d’amoureux », « Franchement, nous avions peur » ou encore « J’étais fatigué, je suis retourné me coucher. »."